Quand j’étais petit, le Japon c’était la Chine, la Corée, toute une bande de jaunes bridés qui vivaient comme dans Tintin au Pays du Lotus Bleu, avec des vêtements traditionnels, des pousse-pousse, des chapeaux pointus et qui appartenaient tous à la mafia, en gros. Ma vision du pays a changé plusieurs fois : j’ai découvert à la fin du collège grâce à un voisin les mangas puis les dessins animés japonais où j’ai pu entendre la langue, puis l’aspect géographique et économique en terminale, le japonais l’année suivante (provoquant un changement de projet professionnel, de prof des écoles à prof de FLE au Japon), une certaine réalité en lors de mon séjour estival de 2009, réalité qui s’est affinée grâce à diverses rencontres, à la lecture de livres, de forums, de témoignages.
Je n’ai jamais non pas cru les hyènes essentielles mais réussi à mettre des mots sur ce qui m’attire au Japon. Le choc a été lors de mon initiation à la langue japonaise, lors de laquelle j’ai été très sensible à ses spécificités et aux charmes autant de l’écriture que des kanji et de la grammaire. Je voulais vivre entouré de cette magnifique langue tellement intéressante, et il n’y a pour cela d’autre choix que d’aller au Japon. Kasnantien’ (Anne mène) ! Je me rendrai donc au Japon. J’aimais l’enseignement, le français, pas l’enseignement du français à des Français, les gamins de moins en moins. Elle a fait quoi ma sœur comme études, déjà ? Je m’y suis jamais vraiment intéressé. FLE ? Sékwassa ? Par tous les saints, c’est parfaitement ce qu’il me faut !
J’étais donc à fond dans mon projet depuis 2006 (grands dieux, on se fait vieux), j’ai fait tout un tas de recherches et surtout passé deux mois au Japon à apprendre intensivement la langue et accessoirement à découvrir le fait que je semble plaire aux extrême-orientistes. J’ai sacrifié un formidable amour pour ma carrière en partant en Angleterre, et réalisant plus tard mon erreur et mes sentiments réels, j’ai été prêt à sacrifier le Japon pour suivre la femme que j’aimais en Chine, un pays qui ne m’attirait pas du tout, mais alors pas du tout. Ça ne s’est finalement pas fait, et c’était la seule fois que mon projet a vacillé. Je suis à la suite de ça devenu particulièrement obsédé par la concrétisation de mon projet, pensant presque littéralement en permanence à différents plans de survie, de travail, de visa, d’avion, de pèlerinage, etc. Je me bridais intérieurement pour ne pas tomber amoureux (le premier choix cornélien m’avait laissé d’énormes séquelles dont j’ai mis beaucoup de temps à me remettre), mais parfois c’est trop difficile.
C’est ainsi que, deux mois avant mon départ pour un séjour d’un an au Japon organisé de longue date, est arrivée dans ma vie Rebeca, une jeune Mexicaine de 18 ans avec qui j’allais vivre et vis encore une histoire d’une incroyable intensité. Malgré un accord commun de se séparer au maximum à mon départ – le sien avait de toute façon lieu un mois après -, la passion a pris le dessus et notre idylle a cru de jour en jour (et un nouveau traumatisme pour moi, un !), jusqu’à maintenant encore et c’est fort possible que ça ne s’arrête pas là. On n’a pas réussi (qui a dit voulu ?) à se séparer, mais je suis quand même parti suite à un second choix cornélien, que je voulais justement éviter. On était tous les deux parfaitement conscients de la nécessité pour moi de ce séjour (dont le programme était étude intensive du japonais, pèlerinage si possible et surtout recherche d’emploi en vue de l’obtention d’un visa de travail) et du caractère raisonnable et sage de mon départ, mais ça n’empêchait qu’en notre for intérieur, on ne désirait qu’une chose : rester ensemble le plus longtemps possible et prolonger cette parenthèse magique, sans avoir à redouter le jour où le rêve s’achèverait (One Day I’ll Fly Away – Moulin Rouge). Ainsi donc, malgré la distance, la frustration et le sentiment d’impuissance qu’elle crée, on a poursuivi de notre mieux notre relation, et à mon grand étonnement on s’en sort très bien (sans parler du décalage horaire).
Indépendamment de Rebeca, j’ai rapidement remarqué des choses qui me dérangeaient dans la société japonaise. La politesse caractéristique des Japonais m’est assez vite apparue comme excessive, à tel point qu’on les dirait polis au sens premier du terme. Sauf que cette politesse extrême, cette volonté de ne jamais froisser cède la place à une désagréable hypocrisie que tout le monde accepte. De la même manière, la superficialité ambiante me dérange : les profs se forcent à s’intéresser aux débilités des élèves, les gens qui ponerse un Oxxo et qui manquent cruellement de spontanéité et de franchise, l’apparence qui prime sur tout, la mièvrerie et la vanité des modèles pour les jeunes, l’infantilisation de certaines femmes, le « kawaiiisme » ambiant, etc. ça fait un peu beaucoup pour moi.
Moi, j’ai besoin de pouvoir dire ce que je pense sans tourner autour du pot et mettre les manières, j’ai besoin de quelqu’un qui comprenne le second degré, avec qui je puisse avoir des débats d’idées fougueux, j’ai besoin de répondant, j’ai besoin de me faire rentrer dedans, j’ai besoin de franchise et d’authenticité.
J’avais déjà été déçu par les Japonaises que je trouvais peu intéressantes ni attirantes (les Coréennes m’attirent plus), alors la prise de conscience de cet aspect de la société japonaise, que je connaissais mais ne pensais pas être à ce point, m’a poussé à remettre en question ma volonté de vivre au Japon. Est-ce que je serais capable de passer outre cette superficialité et ce culte de l’apparence, d’y travailler, d’y vivre, d’y fonder une famille et d’y passer ma vie, comme je l’avais prévu à l’origine ?
Je ne me posais pas la question plus que ça, ne sachant pas de quoi demain serait fait, à l’instar de ma relation avec Rebeca avec qui on naviguait alors à vue, tout en étant confiants. Sauf que le week-end dernier, il s’est passé un événement qui en a enclenché d’autres, qui ont enclenché en moi la prise de conscience de la puissance de mes sentiments envers Rebeca. J’en ai perdu le sommeil pendant quatre jours, j’en ai été particulièrement obsédé, et ça a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase : je me suis mis à vraiment douter du Japon.
À la recherche de témoignages concernant la vie au Japon, ses côtés positifs et négatifs, j’ai lu de très nombreux débats et discussions extrêmement intéressants, et au fil de ma lecture je dressais une liste d’arguments en faveur et en défaveur d’une vie à la Nipponne. La balance a rapidement penché pour le « contre », mais je poursuivais mes lectures, souhaitant avoir de véritables arguments et témoignages avant de prendre une éventuelle décision.
Principaux côtés positifs : la sécurité incroyable qui y règne, la politesse des gens, la propreté et le côté extrêmement pratique du pays (ponctualité, magasins ouverts jusque tard, même le dimanche, konbini ouverts 24h/24, réseau de transports très développé, énormément de petites choses vraiment pratiques) sans oublier les spécificités culturelles (gastronomie, sources chaudes, etc.).
Principaux autres côtés négatifs : l’absence de véritable amitié, le système éducatif et son prix, la faible possibilité d’un épanouissement de la jeunesse, le moule dans lequel on doit rentrer pour réussir ou être simplement accepté, le logement, l’accès au logement ; la politique familiale, la protection sociale, le monde du travail, les congés, qui n’ont rien à voir avec ce qu’on trouve en France.
Je pourrais en faisant des efforts et avec l’habitude vivre au Japon. Mais y fonder une famille (avec qui que ce soit, même une Japonaise complètement marginale), ça me semble vraiment difficile, et je n’ai pas envie de me sentir mal à l’aise là où je vis. Je veux pouvoir être moi-même, je ne veux pas avoir à me renier. Quand j’avais fait un état des lieux à ma famille lors de mes réflexions concernant un éventuel changement de programme pour aller en Chine, Anne avait notamment remarqué ceci : « Dans ce que tu dis, on voit que tu as un grand besoin de te démarquer, et c’est clair que là-bas ça serait parfait, ils sont tellement différents ! » C’est possible qu’inconsciemment ça ait été vrai, mais ce n’est plus le cas. Ils sont tellement différents. Trop pour moi. Pour du tourisme, pas de problème. Pour y vivre, non. Ce matin encore en cours, on parlait de ce qu’on laisserait faire ou non notre enfant de 15 ans. Il y avait plusieurs phrases, et il fallait cocher « oui » ou « non », sauf qu’il y avait une colonne pour « garçon » et une autre pour « fille », j’ai halluciné. J’ai appris qu’au Japon (c’est pareil à Taïwan), les garçons et les filles ne sont pas éduqués de la même manière, et apparemment je suis bien trop libertaire pour les Japonais.
Entre dimanche et jeudi, je nageais en plein doute, je n’arrivais pas à me concentrer sur quoi que ce soit à part Rebeca et mon futur. Je ne suis pas allé en cours mercredi, j’avais besoin d’être au calme et au repos pour réfléchir. J’ai correspondu avec Suga-sensei (ma prof principale) pour lui expliquer pourquoi je n’étais pas allé en classe, lui dire que je ne savais plus pourquoi j’étais au Japon, pourquoi j’apprenais le japonais, pourquoi je restais au Japon. Elle m’a répondu par un message très gentil et que j’ai ressenti comme sincère, me disant qu’elle comprenait mon besoin de rester à la résidence, que c’est important de prendre le temps de réfléchir à des choses aussi importantes, me conseillant aussi d’en parler autour de moi et m’assurant de son soutien et de sa disponibilité en cas de besoin de lui en parler. J’en ai parlé à plusieurs autres étudiants de Yamasa, dont Aude et Charles (les deux autres Français) qui me comprenaient bien mais étaient dans des situations différentes, j’en ai parlé à Hazel aussi.
Je me suis rendu compte d’une part que la vie n’était pas faite pour moi au Japon, et d’autre part que je suis profondément épris de Rebeca, et que malgré la jeunesse de notre amour et les difficultés que ça implique, c’est avec elle que j’ai envie d’être, j’ai envie de l’accompagner pendant ses études et de créer quelque chose de grand avec elle. L’amour rend aveugle, je le sais bien, mais je n’ai jamais ressenti une telle chose auparavant.
On crève d’être séparés l’un de l’autre, et attendre jusqu’à Noël que je passe par le Mexique avant de rentrer ou après être rentré en France s’approche physiquement de l’impossible. Mon plan était de suivre des cours, de faire le pèlerinage et de trouver du travail. Quitter le Japon maintenant ? Inutile et coûteux, Rebeca rentrant dimanche au Mexique. Arrêter les cours ? Bien que je n’en aie plus besoin, j’aime toujours le japonais et ça me sera utile pour le pèlerinage. Rester après le pèlerinage ? Inutile.
Mon billet retour était à l’origine pour le 19 juin, et je voulais le modifier. Il s’avère que je me suis fait avoir et que ça coûte extrêmement cher (bien plus cher que le billet), j’ai essayé de me faire rembourser les frais d’aéroport du retour pour prendre un autre billet, mais le processus a mis beaucoup de temps à… ne pas se mettre en place, et j’ai aujourd’hui confirmé ma présence dans cet avion.
J’ai fini par retrouver l’envie d’aller en cours et de continuer l’étude du japonais en changeant tout simplement de point de vue. Au lieu de garder en tête le but initial (travail), je passe dans un mode « stage linguistique et pèlerinage ». Dès que j’ai pris conscience de ça, j’ai retrouvé mon énergie et les nuages sombres qui me survolaient depuis plusieurs jours se sont dissipés, et je suis décidé à sortir de ma déprime et à profiter de mon séjour ici. J’aurai donc environ un mois sans rien de prévu entre mi-mai et mi-juin, où je compte profiter de la gastronomie et des spécificités culturelles japonaises, en ayant en tête le fait que ce sera possiblement la dernière fois que je foulerai le sol nippon.
Je suis désolé pour ceux qui voulaient venir me voir (je t’aime toujours, Baj). Je suis ravi pour ceux qui ne voulaient pas que je parte (je t’aime toujours, Anne). Je suis désolé pour ceux qui attendaient beaucoup de mon séjour, mais c’est le mien et je vous zûtte, pour rester poli.
Si je sais maintenant de quoi demain sera fait, après-demain reste un mystère. Beaucoup de facteurs entrent en jeu, moins qu’avant mais ça reste difficile. Rebeca rentre au Mexique pour tenter d’accéder à une excellente université, j’irai la voir cet été, et on verra après ce que l’avenir nous réserve. On est encore jeunes, surtout elle, elle a l’expérience des études supérieures à découvrir, il va falloir être patient et audacieux. Come what may…
coucou gnoufonk !
Baj est dégouté, comme prévu… et il te dit « attention aux cactus, ca pique ! »
de mon côté, je te remercie pour ce long mail. c’est intéressant intellectuellement et humainement de voir ton cheminement, tes arguments, ton évolution.
tu connaissais déjà ce coté lisse, poli, imperméable du Japon. je me dis qu’il ne te dérangeait pas quand tu avais 20 ans pcq c’était ton unique passion (depuis tu as découvert l’amour et d’autres langues par ex) et du coup tu ne voyais que les aspects positifs. en plus tout était neuf…
en plus, tu as pris 3 ans dans la tronche, et tu as peut-etre gagné en exigence et surtout en connaissance de toi-même, de ce qui peut t’épanouir…
j’aurais été ravie de venir te voir avec Baj trépignant à mes côtés. mais je comprends grave qu’une société avec si peu d’avantages à mon gout (pcq la sécurité, la propreté et la politesse, ca pèse pas lourd à côté de la convivialité, l’écologie, un système social, etc) mais surtout de tels inconvénients sur le plan social, puisse ne pas t’enthousiasmer.
Comme tu le dis, en tourisme c’est certainement bien, pour y vivre, ca ne m’aurait pas tentée (au grand damn de Baj…).
Je suis contente que ce temps d’introspection te rende la motivation, le goût du Japon, pcq il faut que tu profites à fond d’etre à l’autre bout du monde pour vivre des trucs de dingue ! c’est qd mm tout un peuple et une culture à découvrir, dont tu n’as plus besoin de prendre à coeur les inconvénients !!
Soyez heureux avec Rebeca tant que c’est possible pour vous, vous êtes tellement mignons ensemble…
et si tu fais une connerie, tu n’auras aucun remords à avoir, alors… go !!
Hello Renaud,
Although our situations differ quite a bit in many ways, I do understand the thought process that you went through (eloquently and well thought out and written at that!), I do understand a bit of how you’re feeling emotionally. I don’t really have anything productive that I could add that would be of any use whatsoever to you, but I wanted to thank you for keeping me up to date with how you’re doing and what’s going on in your life. It’s always good to read news from you and your family. And who knows, maybe we’ll some day meet up on this side of the Atlantic (or Pacific, be that as things currently stand between us).
Mon Renaud, nous revenons d’Arvieux après une super semaine de beau soleil et de grand, très grand froid, de belles ballades en ski de fond ou en raquettes, dans une ambiance très sympathique et chaleureuse avec Chantal, Jean-Michel et son frère Pierre ; je viens de lire ton long récit, encore une fois merci à toi pour ta confiance en te livrant ainsi, et bravo pour un tel cheminement dans ta réflexion aussi douloureuse soit-elle.
Ce qui me semble le plus important pour moi c’est la sérénité que tu as retrouvée depuis ta prise de décision, et pour moi c’est capital, c’est signe que tu as fait le bon choix ; certes c’est un choix du moment, tu ne sais en effet pas de quoi demain sera fait, mais c’est ton choix et manifestement tu l’as fais en conscience.
Même si ce n’est plus au Japon, toutes tes études ne sont pas vaines, il fallait que tu passes par tout çà pour un tel aboutissement, et tu as certainement encore des tas de possibilités pour mettre à profit tes capacités de l’enseignement du français langue étrangère. Il y a des alliances françaises en France et dans d’autres pays dont les États-Unis qui ont je crois des accords avec le Japon.
Perso c’est un fait que cela aurait été l’occasion de découvrir le Japon, hors Tokyo, mais à travers toi nous avons déjà beaucoup appris sur le Japon ; j’ai aussi découvert que ma sensibilité à l’autre quel qu’il soit, à travers le séisme et le nucléaire, s’est sans doute développée et a été importante parce que toi tu avais cet attrait particulier, donc merci. Je ne regrette pas cette découverte du japonais et ces petites expressions que tu m’as apprises et que je conserve dans ma mémoire.
Je suis surtout fière de « qui tu es », et je suis confiante.
Bravo, bon courage et à plus tard.
Ravie aussi pour Rebeca et toi ! Que le meilleur vous concernant, advienne !
Salut, Platipus,
Que tu écris bien ! Que c’est agréable à lire ! Voilà pour la forme.
Sur le fond, je me permets de signaler que si c’est la fin d’un rêve, c’est tout de même ce rêve qui, dans l’attente de ton départ pour le Japon, t’a fait t’inscrire à l’alliance française, avec le résultat connu et apprécié de tous. Donc un nouveau rêve supplante le précédent, comme le paradigme. A toi en effet de le rendre réel. C’est tout simplement l’évolution, non ?
Mais je trouve superbe que tu privilégies la relation, l’authenticité, le sens de ta vie au (= plutôt que) respect d’un projet dans lequel tu t’étais très fortement engagé et impliqué.
J’ai récemment assisté à une présentation, vu depuis l’entreprise, de ce que représente le phénomène dit « génération Y » (tu dois connaître ça, toi, David, non ?) : on y trouve, pour des raisons au minimum sociologiques claires, des jeunes adultes nés entre 1979 (au moins pour l’occident) et 1993 environ, qui sont pleinement conscients d’eux-mêmes, ne s’impliquent guère (plutôt un CDD qu’un CDI) pour pouvoir décrocher rapidement si ça ne leur convient pas, ou ne s’impliquent à fond que lorsque le projet auquel on les associe a du sens pour eux, ou est porté par un responsable charismatique.
Cette recherche de sens, cette exigence de qualité, ce désir de pleine implication dans des conditions qui permettent de s’accomplir, d’être authentique, tout ceci fait partie des éléments qui vont permettre de changer vraiment le regard des gens sur les priorités de la vie personnelle, professionnelle et en société. Merci de porter cela, ouvrant ainsi la voie à la génération suivante qui se sentira bien dès son arrivée, comme Titouan avec sa profondeur de regard (avant que t’aies rien pu dire il t’aime déjà au départ). Merci pour le monde que vous (p)réparez.
Je t’aime, Bilou Boy.
Et merci à Rebeca d’inspirer de tels sentiments.
« Moi, j’ai besoin de pouvoir dire ce que je pense sans tourner autour du pot et mettre les manières, j’ai besoin de quelqu’un qui comprenne le second degré, avec qui je puisse avoir des débats d’idées fougueux, j’ai besoin de répondant, j’ai besoin de me faire rentrer dedans, j’ai besoin de franchise et d’authenticité. »
Mais mais mais… tout pareil ! Dans mes bras !
(et maintenant je lis la suite)
« sauf qu’il y avait une colonne pour « garçon » et une autre pour « fille », j’ai halluciné » : ne te méprends pas, en France c’est moins officiel mais ça reste très très très ancré dans les mentalités (on ne laisse pas sortir une fille comme un garçon, on ne lui propose pas les mêmes jeux, les mêmes ambitions professionnelles… plus ou moins inconsciemment). And i f***ing hate this.
« Sauf que le week-end dernier, il s’est passé un événement qui en a enclenché d’autres, qui ont enclenché en moi la prise de conscience de la puissance de mes sentiments envers Rebeca. »
Alors comment dire… tu nous dis tout ça et pas ça !? Com ci cruyel !!
Sinon je ne sais pas qui attendait des choses de ton séjour mais je ne me sens pas züttée du tout…
Thaïs sera peut-être déçue de ne pas pouvoir venir te voir au Japon mais elle s’en remettra. Peut-être qu’un jour on fera un grand voyage familial tous ensemble avec toi comme interprète ?! Et on pourra tous chanter « I just coooooome to sayyyyyy I love youuuuuuu ! » en se balançant les bras en l’air dans un de leurs nombreux karaoke (ixdélol) !
Je comprends très bien tes déchirements, moi qui aurait adoré vivre en Allemagne essentiellement par amour de cette langue… C’est un choix moins cornélien parce que Yannick aurait pu le faire avec moi, par exemple, mais je crois qu’au final je suis bien plus heureuse en France, là où je peux faire des jeux de mots plus ou moins fins sans difficulté, où Les Nuls parlent à mon entourage, où mes copains ont vu Les Inconnus quand ils étaient petits, et là où est ma famille (parce que pour moi ça compte vraiment beaucoup).
Et toute ta fratrie a connu la distance (momentanée, certes) avec son amoureux, certains déchirements, les questions sur son futur, même à moindre niveau. Et je crois qu’aucune de nous n’aimerait être dans ta situation, si loin de ton amoureuse. En revanche on aimerait toutes être pour quelques mois dans un pays dont on adore la langue, avec comme seules obligations de découvrir et d’apprendre !
Alors tu as bien raison, profite, fais des choix selon ton coeur, car aucune décision n’est vitale, tout est en perpétuel mouvement, et suivant certaines philosophies :
- on n’a qu’une vie donc il faut en profiter,
- on a plusieurs vies, tu as le droit d’expérimenter, de te tromper et de prendre le temps de te trouver dans celle-ci !
Quoiqu’il en soit, merci de ce long partage. Je t’aime.
(Et Thaïs dit que tu peux aller chercher Rebeca en bus, et que sinon elle va aller la chercher à La Tour et te l’amener au Japon pour que tu ne sois pas triste)
c’est trop mignon ce que dis Thaïs !!
et j’adore tous vos commentaires, on est une super famille !!!
Thaïs, si tu m’acceptes, je t’accompagne, et nous irons ensemble chercher et retrouver Rebeca pour lui montrer la route qui mène à Renaud, et surtout à eux deux pour eux deux !
Thaïs tu es trop mignonne et adorable !
Amma
Ouais fin bon, je vous transmets ce qui est mignon, hein. Je vous épargne les cris pleurnicheurs…
Remarque, pour le moment je n’ai pas à me plaindre de ce côté là : j’ai les filles de ma keupine Marie-Cécile à la maison, pendant qu’ils peignent leur nouveau rez-de-chaussée, et que Yannick est en famille au ski.
Du coup Thaïs est aux anges de jouer à la famille avec la grande, tandis que la petite (5 ans) s’éclate toute seule avec l’arbre de la famille Klorofil (offert par Manuel et Sandrine à Thaïs) et que Titouan navigue entre les deux, le tout sur fond de webradio 60′s (merci Nostalgie)… Et moi je fais la couichine (lentilles / boulgour et crumble).
Pour le moment on peut donc dire que je gère 4 enfants ! xD
Je viens d’avoir Jef au téléphone à qui j’ai lu ton long récit. Jef est étonné de la maturité, de la profondeur et de la qualité de ta réflexion. C’est beau et c’est pas banal !
Jef qui ne nous a pas vus depuis le mariage de Frédéric (en août 2000) garde à l’esprit l’enfant que tu étais, et d’un coup c’est le jeune adulte qui réfléchit sur son présent et son avenir !
Jef m’a remercié de lui avoir lu tout ça.
et qu’est ce qu’elle en dit Rebeca au fait ?
Elle est fière de moi et espère que c’est vraiment pas à cause d’elle que je renonce au Japon.
Merci à tous pour vos retours chaleureux.
Bonne continuation Renaudul
Comme on avait pu en parler en Roumanie, une révélation ne m’étonne pas, ça me fait quand même bizarre de te lire comme ça, j’ai une sorte de pincement au coeur, peut-être une déception pour toi (surement un trop plein d’empathie après en avoir beaucoup entendu parler !), mais comme ça ne semble pas en être une pour toi et que l’avenir semble positif, je t’envoie plein de soutien dans cette décision (et y’a Mr. Lamouille qui mange pas loin de moi, ça te rappellera des souvenirs
).
Haha, merci Elodul
Amitiés aux profs de St Ex !
Bien. A mon tour de m’exprimer…
Il y aurait des tas de choses à dire sur cet article, dont la qualité dépasse de loin les précédents. Ta façon d’amener le sujet et de le traiter, c’est vraiment du grand art !
Alors voilà. Moi ce qui me frappe, dans ce que tu écris, c’est la maturité dont tu fais preuve. Je n’ai jamais douté de tes nombreuses qualités (d’esprit, de réflexion, de maturité, de sensibilité, etc.), mais là tu as prouvé qu’elles existaient réellement et tu les as fait vivre toutes en même temps de façon intense.
Beau résultat ! J’admire cette façon de poser les choses, pour ou contre, d’envisager l’avenir sous une forme ou sous une autre plutôt que de se laisser porter, et « advienne que pourra » (gloups).
Se retrouver face à un choix de vie aussi énorme que celui-ci n’est pas évident, et tu sembles l’avoir fait « en ton âme et conscience » (« et corps », j’aurais envie d’ajouter, faut pas l’oublier celui-là qui t’a poussé à ça, quand même !).
A dire vrai ça me fait penser à ce que j’ai entendu l’autre jour chez les rosicruciens de ma connaissance… Manifestement pour se lancer « pour de vrai » dans le monde spirituel, il ne faut pas le vouloir, mais bien en arriver à un état de doute intense, une sorte de désespoir tellement profond qu’on en ressort grandi et renforcé, et… prêt. Oh fückeuh !
N’y a-t’il pas la possibilité de faire le chemin sans souffrance ? Non ? Non. Du coup autant tout laisser tomber, quel intérêt ? Et c’est comme ça qu’on se laisse aller au désespoir (??).
Voilà. Toi il t’a fallu 4 nuits sans sommeil, un déchirement profond entre tes projets de vie et la réalité que la vie t’a proposée, et… paf, tu as rebondi.
Félicitations, mon Reno.
Tu es un grand être, dans tous les sens du terme.
Et je te veux beaucoup de bien.
Anne (Houka)
PS : j’imagine que Rebeca doit être ravie, et je le suis également pour vous. Si c’était un film, avec quelques violons derrière, je verserais certainement ma petite larme…
(Vous saviez que j’avais un Quotient Emotionnel vachement balaise ? C’est pour ça que je pleure tout le temps pour rien… parce qu’il est UN PEU TROP balaise, justement).
c’est dans ces moments là que je voudrais être avec toi… (désolée pour le retard de lecture, je fais une bien piètre amie…)
T’inquiète poulette
On pourra se voir fin juin, pendant mes quelques jours en France ?