Faux départ
Ce matin, je me prélasse au lit (j’adore mon futon, il est super dur, pareil pour l’oreiller, je dors super bien dedans, en tout cas pour le moment) pendant que Nath parle avec ses potes de NY, pour qui le soir tombe. Vu que le réveil sonne à 7h30 et que j’ai besoin de partir que plus d’une heure plus tard, je peux me le permettre – et encore, il a de l’avance, son réveil. Au bout d’un moment, je finis par me lever et je lui demande où sont les bols, assiettes et couverts que je n’avais pas trouvé auparavant. Il me montre où c’est (là où j’avais cherché, mais apparemment certains avaient été kidnappés) et me dit également qu’on peut aller en prendre dans l’autre cuisine, celle de ceux qui ont une chambre seuls. Je lui demande aussi ce qu’il prend au petit déjeuner, juste pour savoir si c’est classique ou algues et poulpe par exemple. Lui, c’est œufs, bacon, céréales, donc plutôt classique. Je profite des nombreuses minutes que j’ai devant moi pour aller au conbini (convenience store) ouvert h24 pour y trouver de quoi me sustenter, parce que la veille j’ai quand même mangé qu’une petite boîte de conserve de fruits exotiques, dont j’ai fini le dernier représentant cet après-midi, et c’est bien moins dégueu quand on ne boit pas le jus en premier, héhé… Bref, je trouve des céréales (des sortes de corn flakes au chocolat, d’autres au caramel) et du lait, et hop, ptit dej. Je me restreins forcément, parce que sinon les deux paquets y passent en une matinée.
Ensuite je vais au Aoi Hall (et pas Yaoi, autant pour moi) pour mon premier jour. Enfin, premier jour… Voir le titre de l’article ! Vous comprendrez plus tard… J’arrive en avance, on me dit sanban, je dis d’accord et je monte à l’étage… sachant pourtant pertinemment que le rendez-vous était au rez-de-chaussée, que les japonais appellent « premier étage ». J’avais repéré une salle bizarre à gauche des escaliers, mais ne m’en inquiétais pas trop. Au bout de deux minutes, je me rends à l’évidence que ça peut être que cette salle-là, alors j’y vais et vois Agathe, la Française que j’avais vue la veille et l’avant-veille, même. C’est un mini amphithéâtre avec des câbles Ethernet, de la climatisation (comme partout en fait), un tableau, un pupitre et tout ce qu’il faut. Je cherche mon nom sur les étiquettes, et pensant que c’était par ordre alphabétique, je me dis que je dois être au troisième rang, auquel cas ban signifierait « rang(ée) » ou un compteur qui conviendrait, vu que san signifie « trois ». Que nenni ! En fait ban signifie « numéro », j’étais à la place numéro 3, au premier rang…
Plusieurs personnes viennent parler. D’abord le président de Yamasa, qui nous fait un speech sur la chaleur, les étudiants et certainement d’autres trucs mais il est vieux, donc il parle pas fort, sans articuler et vite. Résultat je me marre quand les autres se marrent et je dis ohayô gozaimasu quand les autres le disent – à peu près. Ensuite vient une dame, sorte de sous-chef du grand boss, qui parle bien plus lentement, plus posément, de manière articulée, et je comprends à peu près tout ce qu’elle dit – des encouragements principalement. Ensuite vient le responsable de mon programme (SILAC), qui dit jesépukwa en japonais d’abord, puis en anglais (j’ai rien compris à ce qu’il a dit en anglais, j’ai presque mieux compris le japonais…). Ils nous donnent de la lecture, des infos sur les cours, les règlements, trucs comme ça et on nous dit « Test écrit et test oral ». Watzefuck? En fait non, on était sept à l’avoir déjà passé la veille, donc on en a été dispensés. Donc on est sortis, on nous a dit de revenir à 13h, donc on avait trois grosses heures devant nous.
On se retrouve rapidement à cinq : un Suisse (francophone), une Française (Agathe), une Singapourienne (qui était avec moi dans la voiture qui nous amenait de l’aréport à Okazaki et dont j’ignorais le sexe), une Ricaine (ptêt pas, mais je pense) et moi. On se dit qu’on va se balader un peu, ce qu’on fait, et on se retrouve rapidement à longer la Route 248, l’axe principal de ce quartier d’Okazaki. Il y a une piste cyclable sympa qui la longe, c’est pratique. Donc on papote, on fait vaguement connaissance, en français ou en anglais c’est selon, on passe à la Poste pour que chépuki retire des sous, ensuite on continue jusqu’à Aeon, le plus grand centre commercial du Japon – dans une ville qui il y a cinq ans encore n’avait pas de cinéma. Fabian, le Suisse, a eu une vie mouvementée (pas mal bougé, parcours scolaire très intéressant) et est notamment venu l’année dernière ici, sans rien connaître du tout du japonais. Sa copine habite à Okazaki – pratique – et il connaît pas mal le quartier, les bons plans, l’histoire, tout ça. Donc c’est chouette, on cherche mollement un café où se poser, je prends quelques photos de trucs sympa, on erre plutôt qu’autre chose dans ce gigantesque centre commercial où chaque magasin a entre une et plein de musiques différentes qui braillent en même temps, et on finit par se poser à un Starbucks, où ils font de super cafés pour ceux qui ne connaîtraient pas. Keuwa ? Kézako ? Dalenda Cartagho ? Luc Orient ? Oui, je n’aime pas le café mais suis allé à un Starbucks… Ils font aussi des chocolats, et j’ai pris un tôru kokoa (« grand cocoa »), et c’était bon… certainement cher, mais bon… ah là là… un délice… il y avait certainement de la crème ou chépakwa dedans, mais ah là là… donc on papote pendant une heure environ, ptêt un peu moins, et je suis installé dos au mur, face à la baie vitrée qui donne sur des escalators. Étant un peu l’asocial du groupe – quoique la Ricaine ait pas pipé mot – je regarde souvent devant moi pour regarder les gens, et à un moment j’ai vu une mini-jupe léopard légère… oh, une fille qui monte les escalators. Avec une amie. Je les regarde donc (normal). Elles me regardent. Je souris. Elle sourit (je regardais pas la deuxième, je sais pas à quoi elle ressemble, pourtant la première était pas particulièrement jolie, juste banale je dirais, mais j’ai pas bien vu en même temps). Je souris en regardant ailleurs, histoire de pas faire pervers (insulte qui fuse au Japon). Je la regarde à nouveau. Elle me regarde. Je souris grand (adverbe). Elle me fait un grand sourire et me fait un signe de la main, genre « coucou ». Je lui réponds en l’imitant, du coup les autres se demandent ce que je fais, et moi tout sourire de leur faire un signe genre « bah eh, je fais que répondre, j’y suis pour rien ». Eh bah n’empêche, ça fait putain de plaisir ! C’est con, mais ça fait quelque chose… pas autant que quand je suis arrivé sur le tarmac nippon, mais presque. Ah mes aïeux ! (Salut Pignan.)
Bref, vers 12h15 on sort et retourne lentement par une chaleur étouffante (蒸し暑い) à l’Aoi Hall, près duquel se trouve le « Domy Supermarket », qui propose notamment des bento, sorte de plat unique que les salarymen bouffent entre deux réunions. A peu près tout le monde va s’acheter un bento le midi là-bas. Les prix varient, mais le moins cher est dans mes prix. Il faudra néanmoins que j’alterne avec des trucs faits maison, style onigiri ou autre. Donc on achète nos trucs et on va les dévorer à l’intérieur du bâtiment où on a tout nos trucs (cours, réunions, …) et j’en chie avec mes baguettes. J’avais donc du riz, normal, une crevette frite (miam), une sorte de fruit orange au contour vert frit (bizarre), du poivron frit (pas touché) et quelque chose de rose qui ressemblait à du gingembre. Je croise Nikki, la fille au « Fuck, you’re skinny », qui me dit notamment qu’il y aura samedi un « Truth or Truth » au Students’ Village… ça risque d’être sympathique.
Donc pour la suite, c’était un jeune britannique (d’après son excellent accent) plutôt beau gosse, qui bosse au truc international de Yamasa, qui nous parle du programme, des cours, il nous décrit le papier qu’on avait eu le matin, il nous en donne un autre qui dit à peu près la même chose, et on finit par faire le tour du campus. En gros, si c’est moche, c’est normal : la famille Hattori, qui a fondé plein de trucs dont Yamasa Institute (qui était entre 1919 et les années 80 un centre pour enfants en difficultés), était super importante dans l’histoire d’Okazaki. Il y a 200 ans, ils ont fait de la politique, et il y a 100 ans ils se sont lancé dans la manufacture, et vu qu’on est tout près de plein d’usines de voitures (notamment Toyota City) il y a plein de vieilles usines, qui peu à peu se transforment en logements ou en salles de cours, lorsqu’elles appartiennent à Hattori. Bref, on a un cours d’histoire, on nous montre la maison des Hattori (qu’ils n’habitent plus depuis une vingtaine d’années), maison traditionnelle superbe dont je verrai si je pourrai faire des photos, plein de visites plus ou moins intéressantes. En dernier, il nous montre une maison noire et blanche, presque une cabane, en face du bâtiment principal de Yamasa. C’est une boutique où on m’a dit que je pourrais trouver un adaptateur – que j’ai trouvé, donc plus de problème de batterie d’ordinateur – et où il y a quelques petites choses sympathiques. Sinon j’ai vu au passage qu’il y a une excursion pour le Mt Fuji (富士山 fujisan et pas fujiyama) dans la nuit du 24 au 25 juillet, pour voir le soleil se lever… 15600¥ kémême… mais je suis en partie venu pour ça. Donc ça ira, je me serrerai la ceinture si besoin est. Faudra que je tienne rigoureusement mes comptes. Je verrai ça ce week-end.
Donc je rentre après, je me rafraîchis en buvant la dernière boîte de fruits exotiques (environ 15h30) et me dis que je ferais bien d’aller faire un plein de courses, histoire de pas avoir à aller crapahuter partout plein de fois. Le truc c’est qu’il faut attendre 20h pour avoir des rabais la plupart du temps, et ici le jour se lève beaucoup plus tôt et se couche aussi beaucoup plus tôt, à 19h il fait nuit ! Donc c’est pas motivant d’aller faire les courses la nuit même si les prix sont alléchants. Une fois de plus, je verrai ça ce week-end. D’ailleurs le dimanche tout est ouvert…
Bref, après je fais rien de particulier, je profite de mon dernier jour sans homework pour surfer sur Internet et le soir je me fais réchauffer misérablement du maïs dans une poëlle – il faudrait que j’achète de l’huile. Sinon, il est 21h et je suis fatigué, je vais aller me coucher. C’est un peu n’importe nawak mon sommeil, mais bon tant que je me lève sans me sentir fatigué ça me va. Zoub zoub.
J’ai ajouté des photos (voir le menu en haut), si ça met trop de temps à charger, dites-le moi.
« Et c’est parti le coup d’envoi vient d’être lancé ! | Calme et pluie » |
Salut, Pâte à Crêpes
Les photos marchent bien, mais n’hésite pas à y faire allusion dans tes commentaires, pour qu’on voie mieux de quoi il s’agit.
Merci encore pour cette belle relation.
Et surtout, surtout… ne lâche rien (t’as qu’à écouter France Inter et sa Panique au Mangin Palace) !
P.
salut fréro !
si tu veux économiser de l’argent, cuisine !
à moins que ce soit comme en Inde, pas cher du tout qd on achète dans la rue, mais bon, l’Inde et le Japon, c’est pas le même niveau de vie !
vivement que tu nous envoies des photos du Fujisan !!
Merci pour tout, photos et commentaires, nous venons de partager cela avec Douchka, ton aïeule. En fait Papa n’avait pas vu que tu avais mis des informations sous les photos, donc ne tiens pas compte de ce qu’il t’a écrit. Anne a des problèmes avec internet, c’est sans doute pour cela qu’elle n’intervient pas.
Je suis ravie qu’il y ait cette excursion au Fujisan, n’oublie pas d’emporter à boire surtout (si tu veux je te fais un mot pour que tu y penses !) et éventuellement à manger, parce que avec ce régime tu seras encore plus skinny !
A bientôt mon lapin, je t’embrasse.
Mum.
Mon lapin, emmène-moi au Mont Fuji, Fujisan, regarde-le pour moi et décris-le moi.
Si quelque part tu aperçois un monastère, un jardin zen et un pavillon de thé emmène-moi aussi.
Tes récits sont si vivants qu’on a l’impression qu’on est avec toi.
Voilà, c’est tout, je t’embrasse concisément.
Douchkasan (y a pas de raison !)
U.M.P euh… pardon P.S : Bravo pour ton premier succès au Japon, vivent les jupes léopard et les sourires complices.
Hmmm le chocolat chaud de chez Starbuck’s… J’avais goûté ça aux Halles à Paris avec Manu, en attendant d’aller au ciné, avec un muffin tout chocolat (presque trop chocolat)…
Fais tes comptes et fais-toi quand même plaisir, si t’as besoin tu sais bien qu’on peut t’aider, c’est une expérience à ne pas rater !! Nous on a fait les comptes et on a (étonnamment) plein de sous, donc…
Ca serait pas plutôt Douchka-sama, ou c’est que pour les majestés ? -Sensei c’est pour les profs, -senpai les plus avancés que nous, -kun pour les chéris garçons, -chan pour les fifilles (ou un truc comme ça), non ben c’est peut-être bien -san, alors.
Quand on parle de soi, on ne met rien, sinon c’est prétentieux, encore plus si on met -sama (« maître »). C’est -senpai pour les plus expérimentés, le reste c’est bon.
C’est fun que Douchka laisse des commentaires, surtout qu’elle m’appelle « Mon lapin », ça fait plutôt Maman… héhé.
non non, Douchka nous appelle toujours « mon lapin » aussi… enfin beaucoup à Papa, Arnaud, tout ça… les garçons sont des lapins, en fait. Sans commentaire :D
« J’arrive en avance, on me dit sanban, je dis d’accord »…. :D Fais attention, faut pas dire d’accord a tout, sinon tu vas te retrouver dans des situations bizarres/dangereuses!
Et la nana, c’est cool, t’aurais du aller lui parler! ^^