Yokosukamakura

Hier, journée repos. Will m’avait dit que je pouvais piocher dans le frigo, mais il n’y a que des bouteilles d’eau, de Canada Dry (dégueu), des carottes et des sauces. Quelques conserves, une fourchette et un grand couteau de cuisine pour tout couvert (à ce que j’ai vu), je me demande comment il mange la plupart du temps. Enfin bref, rien de spécial la journée, et le soir il m’a invité à l’accompagner au karaoke où il avait prévu d’aller avec deux de ses amies, qui s’occupaient de ses deux chiennes en son absence et faisaient le ménage. On a donc pris le train et marché dans un quartier tout proche de la base navale américaine de Yokosuka (territoire américain pour les Ricains), plein de bars et d’anglais. J’ai immédiatement perdu le sentiment de sécurité qui habite quiconque se trouvant au Japon, avec la peur qu’une bagarre éclate d’un moment à l’autre et qu’il y ait des problèmes.

On a fini par rejoindre un bar à chicha tenu par un Tunisien, rempli d’Américains soit afro-américains (95%) soit nés à Guam (donc avec de beaux traits asiatiques), j’étais longtemps le seul blanc et quelques Japonaises sont venues vers la fin. Ceux qui n’étaient pas militaires étaient de la famille de militaires, j’étais donc le moins musclé et le seul blond, c’était fun. Bienvenue au pays du R’n'B aux paroles si délicates (parlent de sexe, de chatte, de coït et de cul en permanence), aux grosses montres et grosses chaînes (pas que, mais quand même). Il y avait quatre filles : trois de 17 ans et une de 15 ans, dont deux lesbiennes. Elles étaient le centre de l’attention, et pour cause : même pas bourrées ou quoi, elles se comportaient comme des salopes. La musique aidant, elles se sont trémoussées toute la soirée en imitant la baise. Elles mettaient leur fessier contre le système trois pièces d’un mec (n’importe lequel de leurs amis, pas forcément leur copain), et le bougeaient au rythme de la musique. Le mec accompagnait en leur faisant sentir qu’il en avait une grosse, puis ça y allait sur les tables, contre les murs, s’ils n’avaient pas de vêtement c’était un coït pur et dur (enfin, dur…). Les filles passaient d’un mec à l’autre à faire toujours les mêmes trucs toute la soirée, c’était assez hallucinant de voir ce spectacle, un peu désolant. Moi et mon jazz poétique (« When we’re dancing cheek to cheek… ») ou mon power metal (« Here’s the dragon! »), ça changeait pas mal…

À un moment deux militaires en uniforme (du NCIS) sont entrés dans le bar, tout le monde s’est arrêté, ils ont demandé à un type s’il avait 20 ans (âge minimum pour boire de l’alcool au Japon), « Yes Sir » et s’il pouvait le prouver, « Yes Sir », puis ils sont partis. Beaucoup ont eu de la chance. S’ils s’étaient vraiment fait contrôler, c’étaient les menottes, direction la base et appel aux parents. Pareil s’ils restaient après le couvre-feu (23h je crois). C’est pour éviter des problèmes dans le voisinage comme il y en a parfois à Okinawa (bagarres qui tournent mal, viols, etc.). Will m’a dit le lendemain qu’il avait reçu un appel de la mère de deux des filles, le NCIS était revenu et elles étaient encore là, et ça a chié pour elles.

Finalement on n’est pas allés au karaoke parce que les filles voulaient rester là, et au bout d’un moment Will (le plus âgé de tous) et moi (un intrus intriguant avec ses cheveux et son accent étranges) sommes partis, parce qu’on s’ennuyait et que j’avais pas mangé depuis 24h. On est allés dans un resto indien qui allait bientôt fermer, j’ai fait mon fou en prenant deux nans avec mon curry, et c’était bien bon. Pas aussi bon que l’indien d’Okazaki, mais bon. D’ailleurs les prix semblent vraiment plus chers dans la région de Tôkyô, j’hallucine un peu. Will a payé pour tout en refusant que je paye quoi que ce soit, il est toujours seul dans sa grande maison avec ses deux chiens donc il prend soin de ses couchsurfeurs. Une fois rentrés on a regardé Into the Wild sur son gigantesque écran, et je me suis couché à 3h45 vu que c’était la version longue…

Le lendemain, je suis allé à Kamakura, ancienne capitale avec plein de temples et notamment le Grand Bouddha. Je me suis rapidement égaré plusieurs fois, il faisait super chaud (comme un con j’avais pris mon jean), je commence à être blasé des temples, et là pour faire quoi que ce soit il fallait payer (énormément de touristes). Par manque de temps, d’énergie et de motivation, j’ai pas fait tout ce que je comptais faire, et je suis revenu en début de soirée chez Will.

Voilà, je pars dans cinq heures direction Tôkyô et mon bus de nuit, et demain je passe toute la journée dans l’avion. Pour finir cet ultime article, voici une photo du nom d’une résidence vue à Yokohama. Pas de pins dans les environs donc c’est pas de l’anglais, ni du japonais.

Pour marque-pages : permalien.

5 réponses à Yokosukamakura

  1. Gawel dit :

    Ouah, le NCIS ? Et y avait Gibbs ?
    Doivent s’ennuyer beaucoup pour se la jouer Skins, non ?

  2. Anne Houka dit :

    Morte de rire !!!!!!!!!!!! Ah la photo finale, c’est de la bombe !!! :D
    Et puis ça va bien avec le reste de l’article !

    D’ailleurs ces histoires de coït, ça me fait penser à la nouvelle danse africaine, dont j’ai oublié le nom, qui consiste à imiter un acte sexuel en dansant. Depuis que cette danse existe, il y a 30% plus d’accidents de verges qu’avant (style le sexe en érection qui se casse parce qu’ils donnent des coups contre le cul de la fille, à travers les pantalons). Fin bref ça ressemblait à ça, ton histoire !
    Je n’ai jamais vu ça de ma vie, ça aurait été une drôle d’expérience !

    Par contre ton « host » a l’air vraiment cool… Etonnant, même !
    Et je dois filer, ça a sonné.
    Le Bouddha est superbe, sérieux. Tu es allé le voir, du coup ?

    Un bacio !!!

  3. Renaud dit :

    Oui, j’ai vu le Bouddha, qui tire la gueule, haha.

  4. La Papatte dit :

    good flight back, sonny, and thanks for all this experience you shared with us !

  5. Maman dit :

    Bon retour en France !
    Okaeiri !