Précision pour les lecteurs pas encore bilingues : l’expression habituelle est « parlons peu, parlons bien ».
Ainsi donc, il va être question de nourriture.
Oui, parce que ces derniers temps j’ai envie de soda, mais vu que ça coûte assez cher et que l’offre est sacrément faible, je me fais plutôt un thé quand l’envie me prend. Donc je bois pas mal de thé. Mais tout à l’heure, au réveil, à 13h30, j’avais envie d’un bon vieux Coca plein de sucre. Je prépare donc ¥298 et vais au Ministop, sauf que j’ai confondu une pièce de ¥1 avec une de ¥50, du coup je me retrouve comme un con avec toutes mes pièces. Je m’excuse platement et promets que la prochaine fois le compte serait parfait (enfin, en moins joli).
Je peux également vous parler du pain. Le pain ici est dégueulasse, il faudrait un autre mot que pain pour le qualifier. Même pour les Américains il est étrange. Mais j’ai vu l’autre soir Charles manger du pain de mie grillé, et malgré un petit goût sucré (que je me rappelais plus fort), c’était bon. J’en reparlerai plus loin. Du coup je me suis acheté à mon tour un paquet de pain de mie, pas trop cher, à tranches moyennes (c’est soit « moyennes » soit « énormes »), que je fais griller pour que ce soit bon et/ou intéressant. Je n’ai rien à mettre dessus donc je mange un peu de chocolat que j’ai embarqué avec moi pour donner à d’éventuels voisins (c’est la coutume, pour bien se faire voir, surtout en tant qu’étranger, d’offrir un petit truc aux gens de l’immeuble). Et c’est bon. Et j’en mange plein.
Pareil, niveau repas, en général je ne me casse pas la tête : ail, oignons, viande, parfois pâtes japonaises précuites, puis sauce soja ou tomate, sel, poivre, et hop. Ou alors mes « crocs » super bons et pas chers à la place des pâtes. Ou du riz. Ou des onigiri si je trouve du surplus de riz abandonné dans l’autocuiseur. Bref, je mets ce qui me passe par la tête (des poivrons quand j’en ai), je mélange plein de trucs et c’est bon en général. Je me contente de peu, de toute façon.
Hier j’ai préparé et pris mon dîner pendant que Sam (un Américain sympa qui me fait beaucoup penser à Seb’) préparait son repas et plusieurs bentô pour la semaine. Il faisait un « curry ». Mais rien à voir avec l’épice, au Japon le curry (karee) est un mélange de légumes voire de viande dans une sauce spéciale curry qu’on verse sur du riz. Sam l’a fait en mettant divers légumes et féculents (carottes, oignons, ail, patates, renkon (rhizome de lotus) et ptêt d’autres trucs encore) dans un faitout contenant de l’eau bouillante, dans laquelle il a ajouté à la fin un cube de poudre spéciale curry (genre Kubor) qui donne tout l’intérêt à la chose. Je testerai une fois, ça a l’air simple, ça se conserve quelques jours au frigo et ça se réchauffe sans problème, donc pour plusieurs repas de la semaine c’est parfait. Faut juste accepter de manger la même chose plusieurs fois de suite, mais bon, c’est un autre problème.
Parlons boisson, maintenant. Vendredi soir, pour des raisons qui m’appartiennent, j’avais envie de boire, voire de me bourrer la gueule. Les Américains faisaient une sorte de party, et je les ai rejoints en milieu de soirée, la plupart étant déjà pas mal torchés. Là se trouvaient aussi l’Australien – qui ne buvait pas, of course, mais parlait comme il le fait tout le temps avec des généralités fausses sur les pays des autres – et Charles (le Français). On m’a filé une bière qui n’était étonnamment pas trop mauvaise, puis ayant envie de pinard, on est allés avec Charles s’en acheter au Ministop, vu qu’il était minuit et que Valor (le supermarché du coin) était fermé. Le problème c’est que vu que c’est ouvert H24 7j/7, les prix sont plus élevés, et en plus ils n’ont pas beaucoup d’offre. On avait le choix entre un vin espagnol pas cher et un Bordeaux deux fois plus cher (12 €). Vu qu’on était deux, français, et qu’on n’avait pas envie de piquette, on a pris le Bordeaux. En plus l’autre n’avait pas de bouchon en liège mais un truc qui se visse. Le vin était bon, à la fin on l’a bu avec du pain grillé et du « bleu », une sorte de fourme d’Ambert presque insipide que lui avait offerte une amie japonaise, de la marque « Gérard » (loule) avec un drapeau bleu blanc rouge en-dessous (re-loule), et super cher (fromage, normal). C’était pas dégueu, mais en temps normal, sans avoir bu (j’étais pas bourré mais j’étais bien), j’aurais trouvé ça pas agréable.
D’ailleurs, en allant au Ministop, on a croisé Alex, un grand Américain qui est dans la classe d’Aude, la toute meilleure de l’école, qui était bourré et allait au Zig Zag, un bar vers l’école. Il était allé s’acheter deux canettes de Chūhai, une sorte d’alcool japonais étrange. Il venait de payer quand on est entrés, et il me tend une canette rosâtre en me disant « Tiens, tu veux goûter ? C’est ultra dégueu. » « Euh… non ? » J’ai quand même goûté parce qu’on m’avait déjà parlé de ce Chūhai, et ça aurait pu être intéressant s’il n’y avait pas ce goût atrocement chimique de fraise qu’annonçait la couleur de la canette. Et ce con, il propose aux employés du Ministop de boire la canette à sa place… Il me demande mon adresse mail, ce qu’il m’avait prévenu qu’il ferait plusieurs fois auparavant, et me dit « J’invite des gens à manger chez moi de temps en temps, tu pourrais venir si tu veux, et puis tu pourrais me faire à manger aussi de temps en temps », genre le mec qui s’invite à peine, mais je suis tout à fait d’accord. Il finit en disant en français : « Je m’appelle Renaud, je suis de France, et j’ai une bite petite parce que je suis français. » « Haha, c’est bien, sauf qu’on dit petite bite. » « Et je m’appelle Alex, j’ai une bite grande parce que je suis américain. » Trop marrant, surtout avec les clients et les employés qui ne comprennent pas. Moi j’ai rien dit de spécial, ça me va bien. Je suis du genre à faire le modeste à ce niveau-là, comme ça il ne peut pas y avoir de déception. Et mon égo s’en balance complètement. Au final Alex sort, et on le retrouve deux minutes après en train de choisir autre chose. « C’était imbuvable, je les ai jetées. » Oh my god. Au final on a payé chacun nos trucs (j’ai pris en plus des sortes de petits pains allongés avec quelques pépites de chocolat qui sont pas chers et me font office de petit déjeuner quand je suis motivé pour en prendre), et en partant Alex disait n’importe quoi, genre « Allez-y » à la caissière au lieu de « Merci, au revoir », du coup en partant je me suis retourné, incliné plusieurs fois en m’excusant pour son comportement, mais tout le monde était amusé donc ça allait.
Quoi d’autre. Ah oui, vendredi midi je suis rentré des cours avec Sai-san, un Taïwanais sympa de ma classe (j’ai halluciné quand j’ai appris qu’il avait 38 ans), et tout le long on a utilisé la forme qu’on avait apprise le matin en classe, pour exprimer une intention qu’on a depuis quelque temps, pas juste sur le moment, c’était marrant. On s’est donné rendez-vous pour faire les exercices ensemble après manger (marrant comme formulation, après manger), et je vais pour me faire une omelette, mais… plus d’œufs ! On m’a piqué mes œufs et ma mayo ! PdFdsRdsMlP, presque ! Pourtant j’avais écrit mon numéro de chambre et tout. La louze. Du coup je trouve du riz abandonné, retrouve ma mayo dans un autre endroit du frigo, et me fais des onigiri. Damn. Du coup j’ai changé de frigo pour un moins utilisé. Moins de risque de me faire piquer mes trucs. Namého.
Sinon, je suis fils unique, mais j’ai passé plusieurs hier à écouter des conférences d’Etienne Chouard, un prof d’éco-gestion très intéressant. Je recommande vivement les deux liens suivants :
- le-message.org : rapide à lire (5 minutes en tout) et résumant très bien le problème de notre « démocratie » ;
- « La dette et la fin de l’état providence » : vidéo de 22 minutes pour tout comprendre.
J’aime bien quand tu parles de nourriture, parce que c’est super concret et on voit bien les différences entre les pays. Tu crois qu’ils aimeraient notre pain, les japonais, si ils le goutaient ?
Sur ces bonnes paroles, je te fais des bisous mon reno et m’en vais finir de corriger mes copies, toussa (ici il fait gris c’est pas motivant).
Qui n’aime pas le pain ? Niveau goût je trouve ça difficile à trouver ça mauvais. C’est pas comme le pain noir allemand qui a un goût très prononcé.
Restera-t-il encore du chocolat quand tu auras besoin d’en donner aux éventuels voisins ? Peut-être seras-tu content aussi d’avoir avec toi ces plaquettes de chocolat quand tu feras ton pèlerinage ! En attendant c’est un lien avec la maison, même si ce n’est plus dans la même boîte !
Itadakimassu !
Merci pour ces liens fort instructifs, qui rejoignent un message lu ce jour dans la Presse Galactique :
http://lapressegalactique.net/2013/01/22/la-tyrannie-financiere-des-banques/
Ce n’est pas toujours bien présenté, mais le fond est identique.
Merci encore, Pâte à crêpes !
si je ne m’abuse, il me semble qu’il y a un moment Yannick nous avait déjà parmi d’autres fait parvenir le 1er lien. Mais une petite révision ne fait pas de mal. Merci
Je l’avais d’abord diffusé, en septembre je crois Yannick l’avait également diffusé (comme quoi), et maintenant une piqûre de rappel…
Ce qui est bien parce que je ne l’avais pas lu en septembre et que je l’ai fait maintenant…
Bah j’ai rien à dire, trop fatiguée, mais je fais quand même des bisous, pour une fois que l’ordi est allumé et que j’arrive encore à tenir ma tête debout, cette semaine.
Mais j’aime toujours autant te lire.
Et c’est °#<§%µ£$ de t'avoir piqué des trucs !! Surtout des oeufs, ça ne se remplace pas dans un plat (surtout une omelette. Mais un gâteau au yaourt non plus).
http://www.colbertnation.com/the-colbert-report-videos/423205/january-24-2013/france—the-mali-conflict?xrs=share_copy
Ça na rien avoir avec le blog, mais j’ai vu quelque commentaires ici sur ce qui se passe politiquement en France, alors j’ai voulu donné le perspective américain.
Comme « disclaimer » (je ne trouve pas un bon mot français pour ça), c’est une blague, et pas des vrais nouvelles…. dans le cas ou quelque chose se perd dans la interprétation trans-culturelle.